Quand l’impuissance de vivre amène à l’impuissance de vouloir vivre

 


Notre dernière douleur reste aussi notre dernière curiosité[1] 

Le projet de loi visant à affirmer le libre choix de la fin de vie vient replacer chacune et chacun devant un questionnement profond où vie et mort s’éclairent mutuellement.

Le débat sur la fin de vie et l’aide à mourir rejoint l’expérience de nombreuses familles sinon de toutes.

Il est du rôle du gouvernement d’une nation de légiférer et particulièrement dans ce domaine où les pratiques libératrices existent mais sont mal encadrées et sans contour juridique précis.

L’évolution sociétale et la législation qui l’accompagne sont de la responsabilité du politique. Dans un sujet aussi sensible que l’aide à mourir, comme sur d’autres dans l’histoire de notre pays - dont certains sont inscrits aujourd’hui dans la Constitution - il faut saluer le courage du législateur.
 

En République et en démocratie, chacune et chacun est libre de ses opinions, de ses convictions et de ses croyances. Et il est particulièrement compréhensible que ces opinions, convictions ou croyances puissent être en contradiction, parfois radicale, avec un projet de loi.

Mais au nom même du principe de laïcité qui garantit la liberté et l’égalité de tous devant la loi, il est important de ne pas entrer dans la tentation de comprendre une vérité  particulière comme absolue.

Dans le domaine de l’accompagnement dans la fin de vie, il reste plus que nécessaire de rappeler le principe fondamental de chaque individu, celui de la liberté de conscience.

 

Le projet de loi portant sur le libre choix de la fin de vie est à nos yeux le dernier progrès en matière de liberté de conscience. La possibilité du choix individuel, en conscience, est un acte de liberté. Quel que soit notre conception du divin, il est impossible d’imposer quoi que ce soit à ce sanctuaire inviolable qu’est la conscience humaine.

Il est, bien évidemment, question de choix individuels et non  pas de principe général pour tous. Ainsi il est nécessaire d’accepter que l’impuissance de vivre amène à l'impuissance de vouloir vivre,  et que s’enfuit le courage de poursuivre des horizons infinis.

La souffrance n’est pas la vocation humaine. La mort peut apparaître comme une libération pour de nombreuses familles. Libération pour celui dont la vie est une souffrance qui fait espérer le dernier lit humain, la terre ! Libération pour les proches qui voient disparaître dans la souffrance l’être aimé et dont les dernières heures d'existence seront comme un cauchemar au bout du souvenir. Il faut accepter et comprendre que la fleur fanée ne peut plus vivre.

 

L’Union Protestante Libérale & Progressiste place le libre choix et la libre croyance comme principes de vie de foi. Principes pour la vie et principes pour le choix de la fin de la vie. Dans ce domaine seule la conscience personnelle et libre, lieu où le divin parle à l’humain, est un espace de décision.

Termine ta vie l’âme satisfaite[2].

Version téléchargeable : cliquez ici



[1] Jean-Marie Guyau, de l’irréligion de l’avenir, ed.1887, p.479

[2] Marc-Aurèle Pensées IV, 48

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